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La bonne « vibe » du métro

Dans le métro, lundi matin.
Trop tôt pour beaucoup de gens.
Et trop de monde dans les wagons. Même si on pourrait « optimiser » l’espace et chacun pourrait trouver de la place. Mais que nenni…

Je cherche en vain un regard humain.

Dès que les gens ont franchi la porte, ils ne regardent plus personne et plongent dans leur écran de téléphone portable.
Et tant pis pour ceux derrière qui ne sont pas prêts à les bousculer.
Et tant pis s’il reste encore de l’espace de l’autre côté, un peu plus loin de la porte d’entrée : c’est tellement galère d’y aller et ensuite d’en revenir quand on sort, que la plupart renoncent.

Mais ce matin je suis rageuse,

Prête à escalader d’énormes valises
Prête à passer sous un bras qui tient la rampe pour aller là où il reste de la place.
Je me contente de cela, et je vais trouver une place où je peux presque respirer.
Mais ça ne me suffit pas.

Tellement en colère contre tous ces gens plongés dans leurs écrans !

Que regardent-ils de si important, l’air tellement absorbés ?
Tellement occupés qu’ils ne laissent pas leur place assise à la vieille dame qui entre avec des béquilles.
Candy crush et catalogues de vente par correspondance en plus de quelques réseaux sociaux…
Ils sont là mais ils ne sont pas là !

Ça me désole tellement.

Je tourne les yeux de tous côtés, à la recherche d’un visage humain
D’un bref échange de regards
Ou même de l’esquisse d’un sourire
Mais ce matin, il n’y a personne…
Que des profils, des yeux baissés, des pieds, des bras
Des sacs à dos aussi, ou des valises gigantesques.

Je sens la colère qui fume en moi
Qui inonde mes jointures.
Mon corps qui se contracte…
J’entends déjà ma fille qui va me traiter de vieille conne !

Et oui, un peu d’humanité m’aurait fait tellement de bien…
Est-ce que je vais me laisser abattre ?

Je me trouve en face de mon choix :

Fulminer jusqu’à être découragée et abattue
ce qui démontrera à quel point ce monde est pourri…

Ou bien ?!…

Je décide de porter mon attention ailleurs.
A ces exercices Feldenkrais que j’expérimente en ce moment, autour de la mobilité de la base de mon crâne à gauche. Oui, c’est très précis.

J’imagine un petit bâton qui va d’un conduit d’oreille à l’autre, à l’intérieur de ma boîte crânienne.
J’invite les os de mon crâne à prendre leur espace les uns par rapport aux autres, comme si j’étais dans les mains d’un ostéopathe magicien.
Et puis je commence à incliner cette intéressante ligne entre mes oreilles d’un côté à l’autre, à renverser un peu ma tête en arrière autour de cet axe, à jouer avec l’idée d’amener une oreille vers l’avant tandis que l’autre recule.

Le mouvement doit être imperceptible : c’est une des prescriptions en Feldenkrais !
Mais je me laisse aller. Je joue à initier ces mouvements de la tête depuis mon ancrage au niveau des pieds, à sentir si mon bassin et mes épaules auraient envie de participer.
J’imagine dessiner un cercle dans l’espace avec mon oreille gauche et je porte attention à ce qu’il se passe dans mes côtes et ma colonne dorsale.

Bref, je suis très occupée.

Et je rentre dans le plaisir du mouvement infime avec une joie délicate.
Et ce mouvement s’amplifie un peu.
Et là, il y a aussi les pensées qui viennent s’inviter :

-personne ne va me voir puisque personne ne regarde
-ou si quelqu’un me voit et me prend pour une folle eh bien tant pis ou tant mieux
-ou si quelqu’un me voit et rigole eh bien tant mieux
-et si quelqu’un me voit et se met à danser, ce serait top…

J’imagine des fils invisibles qui viennent établir des connexions joyeuses à l’intérieur de la rame. Qui un jour, à un moment ou à un autre, rencontreront leurs destinataires.

J’aime à penser que j’ai initié une vibration porteuse de joie …
Et en tout cas je constate qu’à moi, cela me fait du bien.
Sourire sur mes lèvres
Danse, et fluidité dans les pensées quand je sors pour commencer ma journée

Tout à coup, tout est musique, tout est possible.
J’ai de nouveau envie…

Et vous, comment faites-vous??